29 septembre, 2008

Nous aurait-on menti ?

Un bar plein de nouveaux consommateurs !

L'an dernier, le deux janvier exactement, les bars, les restaurant, et par extension, tous les lieux publics de France et de Navarre, devenaient "non fumeur". C'en était fini de cette peste nicotinique. C'était urgent car il fallait mettre fin à cette hécatombe induite par ce terrible tabagisme passif responsables de milliers de morts.

Deux personnes courageuses parmis les plus courageuses, Madame Roselyne Bachelot et Monsieur Xavier Bertrand, se levèrent pour pourfendre cette sale habitude en alignant notre législation sur celle de nos voisins européens. Fini le petit bar parisien cracra, place aux nouveaux établissements propres et frais prenant soin de votre santé.

Pour notre bien, prenait place une nouvelle ère de prohibition. Lorsque des esprits chagrins estimèrent que cela pourrait nuire au commerce, on leur répondit le contraire. On leur expliqua que bien au contraire, les fumeurs empêchaient tout un tas de sympathiques clients de venir consommer dans les bars et restaurants simplement parce qu'ils étaient gênés par la fumée !

Ainsi, on nous dit que libérer les établissement de ces sales drogués que sont les fumeurs, permettrait enfin aux femmes accompagnées de bambins de venir boire un thé sans être incommodées par la fumée.

Lassés de devoir repeindre régulièrement leurs salles jaunies par la fumée, les cafetiers âpres au gain, firent semblant d'y croire. Moi, patelin, j'observai les cafés se vider. Et les très rares fois où je dus m'asseoir à une table pour déjeuner, je crus déceler un changement d'habitude : moins de vin, et plus de café à la fin du repas. L'hygiénisme était en marche. Nous vivrions plus longtemps.

Le restaurant était redevenu conforme à sa fonction première : nourrir et rien de plus. Ces fameux lieux de convivialité, ainsi qu'on les appelait depuis la promulgation du décret se firent moins conviviaux.

Méchant comme je le suis, je ne ratai jamais une occasion de demander à un patron de bar si le décret antifumeur l'avait touché. Et ces patrons, menteurs comme des arracheurs de dent, de sans cesse me répondre que non, ce décret ne les avait pas touché et que cela leur permettait de toucher une nouvelle clientèle.

Eux avaient leur nouvelle clientèle, des jeunes femmes avec bébés et des vieillards valétudinaires, de sacrés consommateurs, quant à moi je finançais l'achat de mes cigarettes en ayant arrêté le café, tout était au mieux dans le meilleur des mondes. Nous vivions dans un monde parfait et c'était bien.

Pourquoi faut-il toujours que le réel revienne en force tandis que nous nous enfonçons dans une lénifiante torpeur, bercé par les ronronnements de nos ministres ? Ne peut-on décemment vivre ans un monde rose peuplé de nounours et de poupées, sans qu'intervienne cette odieuse réalité ?

Toujours est-il que le 24 septembre 2008, la nouvelle est tombée : on constate une hausse de près de 40% des faillites des hôtels, cafés et restaurants au premier semestre ! Pour les seuls cafés et bars-tabac, cette hausse des faillites atteint carrément 56%. On dit merci qui ? Merci l'état !

Et encore, je suppose que dans cet état des lieux ne figurent ni les boîtes de nuit, ni les casinos ! On aura beau invoquer la crise et le recul du pouvoir d'achat, je n'y crois. Passe encore que cela soit responsable de la baisse de fréquentation des restaurants mais pas des cafés.

Bien entendu, cet article n'est pas une incitation à fumer. Je reste persuadé que dans les mois qui viennent, je cesserai de fumer mais ce n'est pas pour autant que je refréquenterai les cafés et les restaurants.

Ils n'ont pas voulu de moi fumeur, ils ne m'auront pas non fumeur.

26 septembre, 2008

Crise financière !


Zut, moi qui parle de tout, voici que je m'aperçois que je n'ai pas encore abordé la crise financière que nous traversons !

Alors que dire ? Franchement rien parce que cela me passe au-dessus de la tête. Pourtant il n'en fut pas toujours de même. Fut un temps, j'étais jeune alors, où j'ai même été président d'un club de bourse d'une ESC. Je me souviens que je lisais Le journal des finances, La cote Desfossés, Les Echos et La Tribune.

C'était le début des boursicoteurs, on venait là-dedans comme on aurait joué au poker sauf que c'était bien plus rigolo et technique. Et puis, on pouvait se la raconter. Je me souviens encore de moi, en costume cravate, jouant les importants chez notre conseiller clientèle qui était une blonde canon et bandante à souhait. Elle avait à peine dix ans de plus que nous et une manière de croiser les jambes plutôt agréable. C'était à peu près l'époque de Top Gun et Kelly Mc Gillis faisait fanstamer dans le genre executive woman.

C'était l'époque des minijupes ,et dans nos têtes on entendait crisser le nylon de ses bas. Je dis des "bas" parce que c'est ce que l'on imaginait mais je suppose que c'était des collants. De toute manière, même si nous gérions à l'époque près de 300 000 F, ce qui n'était pas si mal, ce n'était pas encore suffisant pour pouvoir lui mettre la main au panier ni même aller mater sous ses jupes.

Un canon pareil était juste fait pour flatter les appétits de petits cons des sup' de co , leur faire ouvrir des comptes une fois qu'ils seraient immergés dans la vie professionnelle, les plomber de crédits, mais devait nécessiter un budget d'entretien que nous n'avions pas. Bref, elle devait vivre avec un type beaucoup plus âgé qu'elle et évidemment bourré de fric. C'est du moins ce que nous imaginions, jaloux que nous étions.

Avec quelques autres, on avait bien buché les techniques boursières. Mais comme on était un peu fainéants, on s'était dit que plutôt que de faire de savantes analyses, il valait mieux donner dans le délit d'initié. Et comme, dans notre club, il y avait le fils d'un cadre sup' d'une très importante banque, qui était un bon pote, croyez-moi on avait des tuyaux de première bourre.

A côté, nous avions un concurrent, un autre club, rempli de types sérieux, les mêmes que ces nazes qui aujourd'hui viennent de se faire niquer dans cette crise financière, une bande d'incapables qui pensera toujours que la technique remplace utilement le talent. Ce club avait des performances bien en-deçà des nôtres. C'est normal, tricher rapporte plus que travailler honnêtement.

Mais pourtant, ils étaient capables d'établir des feuilles de calcul savantes et de suivre tout ce fourbi avec conscience. En revanche, sitôt leur nez chaussé de lunettes éloignés de leur tableur fétiche, ils étaient bien incapables de "sentir" les choses. C'est le genre de mecs qui auraient investi dans un club de vacances au bord de la mer d'Aral si ils avaient eu la preuve chiffrée que le truc tienne la route. Que la mer d'Aral disparaisse peu à peu, ils s'en seraient foutus.

Pourtant, alors que nous nous détestions cordialement, sans le savoir, eux et nous, portions en nous-même les germes de cette crise financière et de toutes celles qui viendront après. Eux, avec leurs "puissantes "analyses financières, et nous avec nos "délits d'initiés", on était surtout là pour faire du fric rapidement. Les boîtes en question, on s'en tapait. On achetait et on revendait. C'était la bonne époque du RM où on pouvait faire des reports pourvu qu'on achète une quotité exigée.

On prenait des risques, on se sentait galvanisés. De toute manière, on ne pouvait pas perdre puisqu'on était bons. Du moins on nous en persuadait sitôt après avoir réussi le concours d'entrée. On était tellement cons, qu'on rêvait tous d'avoir un écran Reuters chez nous pour mater les cours boursiers. Ben oui, y'avait pas le net à cette époque.

En gros, même si chacun d'entre nous savait ce qu'était l'affectio societatis, on s'en tapait très largement. Nous n'étions pas de vrais actionnaires mais de simples petits branleurs âpres au gain, de petits macs à la recherche de gagneuses encore meilleures. Le truc, lorsque l'on parlait d'une boîte, c'était de se dire qu'on avait fait 80% avec Machin SA, sans même savoir parfois quelle était cette boîte. Je me souviens par exemple d'un bon coup sur Tollens, société dont j'ai su bien après qu'elle vendrait de la peinture.

C'était aussi la grande époque des introductions sur le second marché et de la privatisation. La stratégie de l'entreprise, on s'en foutait, de même que ses réussites futures. Voilà l'exemple que nous donnaient nos professeurs : ne surtout pas créer mais tenter le fric facile. Un peu plus, et on aurait eu une UV de proxénétisme et de deal. Nos concurrents, à force d'analyses savantes, et nous, à force de rechercher le tuyau en or, le truc qui va cracher des thunes sans efforts, nous en perdions le sens du réel. Et puis, plus cela allait, plus nos appétits s'aiguisaient. De toute manière, en cas de pertes, à la fin on se dit toujours qu'on va se refaire.

Si, nous en avions eu le temps et l'envie, sans doute que nous aurions abordé des marchés de plus en plus risqués. Totalement déconnectés de l'économie, on aurait fini comme des bookmakers en restant persuadés que nous étions des cadors des marchés. Après tout, quand on est book, on peut parier sur des trucs réels mais aussi sur des trucs aussi improbables que l'endroit où se posera une mouche dans un bar. A la fin, les cotes et les savants calculs ne veulent plus dire grand chose. On finit par jouer à jouer.

Finalement, tout ceci s'est terminé par un krach. La bourse, gonflée artificiellement par ce genre de pratique a explosé. Les PER bidon, la survalorisation de sociétés, tout cela s'est achevé tristement. Par chance, on n'a rien perdu tandis que de petits actionnaires ont perdu pas mal de fric. Nous avons été épargnés, non pas parce que nous avions tout prévu. Bon, à nos moments de clairvoyance, on se disait bien que nos aller-retours à trente pour cent minimum, ne dureraient pas éternellement. Mais bon, on se serait dit, "un dernier petit pour la route", jusqu'à ce qu'on finissent sur le bas-côté, plombés.

En fait, à la fin de l'année scolaire, une fois diplômés début juillet, on a vendu les actifs du club tandis que le krach est intervenu en octobre. N'ayant plus aucune position, on s'en est bien sorti. Merci au hasard et au Dieu des petits branleurs de nous avoir évité la banqueroute. Je ne sais pas comment on s'en serait sorti ? En laissant un drpeau à la banque ? Sans doute que non, il aurait fallu rembourser. Alors, tout merdeux, on se serait adressé à nos parents ou on aurait pris des emprunts.

Pensez-vous que cela ait calmé les gens ? Non, quelques années après d'autres pigeons se sont fait avoir sur le Nasdaq. Des crétins qui ne se rendaient même plus compte que leur paquet d'actions ne leur donnait droit que de posséder qu'une petite partie d'une boîte d'informatique merdique, les fameuses dot com, ayant pour tout actif que deux serveurs pourris, deux bureaux et deux chaises sur lesquelles étaient assis deux geeks fumeux persuadés d'avoir eu l'idée du siècle. souvenez-vous, c'était cette période où des ânes bâtés s'entrainaient à débiter leur laïus dans un temps imparti, persuadés qu'ils étaient qu'il leur faudrait un jour convaincre un capital-risqueur pressé dans une cabine d'ascenseur.

A la même époque, un autre secteur spéculatif, celui des bagnoles de collection a encore séché quelques crétins. C'est l'époque où j'ai connu des mecs qui investissaient 50 000F dans une 403 Peugeot pourrie, persuadé d'avoir fait le placement du siècle, alors qu'ils étaient simplement pris dans une fièvre spéculative. Sur ce oup là, je m'en suis encore bien sorti. En matière de voiture ancienne, je n'ai jamais eu qu'une 204 cabriolet achetée une misère à un mec dans la mouise et une Fiat 500 que j'ai revendues dans l'état.

Alors, la crise financière actuelle est-elle une crise du libéralisme ? Moi, je pense que non. Parce qu'être libéral, ce n'est pas faire n'importe quoi. Cette crise, c'est juste une gueule de bois un lendemain de fête. On boit, on boit, on se dit qu'on va tenir le coup et après, on se demande ce qu'on a bien pu faire pour en arriver là. Parce que l'alcool, comme le fric facile, ça fait perdre la tête. Mais à un moment donné, le réel revient toujours en force. Le soir de biture, certains pensaient coucher avec un un canon, et se retrouvent le lendemain avec un boudin dans leurs lits. Et bien sur, on se dit qu'on ne reboira pas, mais on connait la valeur des promesses d'alcoolique !

Moi, je pense que la crise financière, c'est un peu pareil. Il y a sans doute une belle bande d'escrocs dans le lot mais à la base, il y a tout de même une gros problème. Parce que penser qu'on va s'enrichir en fourguant des emprunts à des mecs qui n'ont pas de fric, il faut vraiment être un con. On peut tout tenter, du taux zéro, tu taux variable intégral, à la base si vous ne pouvez espérer qu'un mobilhome, il ne faut pas rêver de château.

Moi qui ai bossé dans le logement HML, je sais que derrière si'l n'y a pas l'état et les collectivités territoriales, on ne peut rien. Parce que riches ou pauvres, la chargé foncière et les couts de constructions ne diffèrent pas beaucoup.

Ou alors, si on prend un risque aussi considérable et qu'on n'est pas con, c'est justement que l'on fait supporter ce risque à d'autres. Le marché, quoiqu'on en dise, a toujours raison : même bien emballé, un produit merdique reste un produit merdique.

En bref, dans ce jeu de dupes, il y a forcément un crétin quelque part qui finira par payer la facture. Ce qui est drôle, c'est que ce soient des traders sûrs d'eux qui aient pris la gamelle. On saura dorénavant qu'il y a des épiciers mieux inspirés que ces trous du cul de traders. L'arnaque, comme les bonnes vieilles ventes pyramidales, est payante pour certains, mais ceux qui sont au bout, finissent toujours par se faire niquer.

En bref, je reste libéral, je pense simplement que le réel finit toujours par revenir en force, quel que soit le domaine considéré. Et ce qui me fait rire, c'est que ces petits cadors de la haute finance, viennent encore pleurer dans les jupes de l'état ou retraversent le channel pour pointer aux assedics quand tout va mal.

Mais bon, qu'attendre de mecs qui bossent dans des banques ? Une banque, c'est un peu comme une grosse administration, nulle raison d'y trouver des types plus courageux qu'à la Poste. Après tout jouer avec le fric de son employeur est-ce vraiment courageux ? Sans doute pas plus que les fils de famille qui viennent flamber dans les cercles de jeu parisien avec le blé de papa. Dommage que tout ce petit monde ne soit pas à son compte, sinon on aurait pu prononcer des interdictiosn de gérer à la pelle.

Ces gens sont des wannabes mais certainement pas des entrepreneurs. Plutôt que paniquer, on devrait en profiter pour se foutre de leur gueule. Je connais deux trois mecs qui n'ont pour tout bagage qu'un CAP, mais sont richissimes, qui ne se seraient pas fait niquer comme eux. Comme disait Montaigne : Mieux vaut avoir la tête bien faite que bien pleine.

On pourrait par la même occasion se foutre de la gueule de leurs employeurs. Parce que franchement, confier la gestion de fonds aussi importants à des petits cons de de 25/30 ans bourrés de testostérone et gonflés de leur importance, n'est pas l'idée du siècle. Il me semblait qu'un tôlier avait une obligation de direction et de contrôle ?

On pourra aussi s'interroger utilement sur le rôle des autorités de tutelles qui auraient du verifier et prévoir tout cela mais qui ne l'ont pas fait. Parce que finalement, plutôt que la faillite du libéralisme, cette crise représente la faillite de l'état dans ce qu'il a pourtant de regalien : faire la police. Produits véreux, absence totale d'informations, bilans truqués, n'importe quelle PME ayant joué à cela aurait déjà eu son patron en garde à vue.

Dans une cour de récréation d'une école primaire, une institutrice tient mieux son petit monde que les autorités de tutelle de Wall Street et autres places financières. La DGCCRF quand elle vérifie qu'on ne vous refile pas des produits périmés ou trafiqués dans un restau, semble finalement plus efficace que les autirutés qui régulent les marchés financiers. Finalement, quoiqu'en disent les légendes urbaines, il y a moins de risque d'être empoisonné dans un kebab que de se faire arnaquer en effectuant un placement.

Que ce soit aux Etats-Unis ou ailleurs, s'il ya bien une faillite, c'est celle de l'information que doivent pourtant garantir des autorités de tutelles, et sans lesquelles, il n'y a plus de règles du jeu. Et sans information fiable, que l'on soit investisseur, capitaine de navire, pilote d'avion ou simple piéton, on finit généralement par se casser la gueule.

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25 septembre, 2008

Je me fais mon cinéma !


Tout à l'heure dans ma boîte aux lettres, il y avait la photocopie d'un arrêté de mon maire signalant qu'il serait interdit de se garer dans une partie de ma rue, parce que ces places étaient réservées aux véhicules d'une société de production cinématographique.

On tourne un film dans ma rue, juste en face de chez moi ! Bon, c'est un film français, le genre de truc que je n'irai jamais voir mais que je finance déjà via mes impôts. Et puis,je me souvenu de Ben Hur, film dont on a dit qu'il contenait beaucoup d'anachronismes. Ainsi, il parait qu'un des joueurs de bugle sonnant le départ de la course de chars aurait gardé sa montre au poignet !

Comme je suis un peu bête, je me suis dit que lorsqu'ils tourneraient les extérieurs, j'irai pétarader dans la rue avec Microcar RJ49. Bon, je sais que les progrès de la technique sont tels qu'on doit pouvoir éliminer tous les bruits paraistes de la bande son.

N'empêche, et s'ils ne pouvaient pas hein ? Imaginez le film français subventionné qui sort en salle et à un moment donné, au cours d'une réplique donnée par un acteur de gauche, vous entendez bêêêêêm-bêêêêêêêêêêm-bêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêm. Et ça c'est moi, votre serviteur qui passe à fond en Microcar RJ49 en faisant hurler le monocylindre deux-temps avec un drapeau coincé dans la portière clamant "Non à l'exception culturelle française ! Vive Bruce Willys ! MGM vaincra !" !

Des intermittents du spectacle me poursuivent en m'insultant. Dominant le vacarme du moteur, je les traite d'artistocrates, parce que j'ai tout lu Philippe Muray. Je m'enfuis à pleine vitesse mais, deux minutes après, je suis de retour. Dans un nuage de fumée bleue, je repasse en hurlant "Non au CNC !", le pied coincé sur la pédale d'accélérateur, emballant mon monocylindre.

Ce serait super chouette ! Des tas d'années après, il y aurait des blogs sur lesquels on mentionnerait cette scène d'anthologie. Pour certains, ce serait une tronçonneuse qu'on entendrait, pour d'autres une tondeuse et puis il y aurait les experts qui, d'autorité expliqueraient que cela ressemble plutôt au bruit d'un moteur Sachs47 à plein régime.

Alors , à La femis, la grande école où de jeunes gens entrés par concours apprennent le cinéma, des mémoires seraient rédigés et des thèses loufoques proposées. Puis, au cours d'un cinéclub quelconque, on rediffuserait ce film et durant la bande annonce on mentionnerait qu'à la trente quatrième minutes, on entend distinctement le bruit d'un moteur et que c'est une des grandes énigmes du cinéma. Et là, moi vieillard facétieux, je rirais dans ma barbe.

Et puis, au milieu de toute cette agitation, un type exalté au regard fou, dans le genre de Toju, clamerait dans son samizdat confidentiel traitant du cinéma français du début du XXIème siècle et uniquement diffusé dans les UFR de sciences humaines : "C'était la voiture d'un psy qui vivait près du tournage. C'était une Microcar RJ49 !". Mais lui, personne ne l'écouterait alors qu'il aurait raison, parce que les prophètes sont toujours mal accueillis.

Ma Microcar RJ49 et moi, on va devenir aussi célèbres que Nessie ! Je vais devenir une légende !


Allez une illustration sonore facile !

24 septembre, 2008

Stats, déprime, Mozart et "Viens poupoule" !

Moi en jeune éphèbe, pleurant sur la gloire inaccessible !

Je me suis réjoui trop vite. Aujourd'hui encore, mon service de statistiques m'annonce que ce blog pourrait dépasser les trois mille connections. C'est énorme mais bon ...

Je constate encore une fois que c'est un article moyen qui m'apporte le succès puisqu'il s'agit d'un texte traitant de l'acrotomophilie, que j'ai rédigé en février de l'année passée. A cette époque, déjà lassé de mon insuccès, j'avais décidé de prendre le taureau par les cornes.

Puisque seuls le sexe et le sensationnalisme fonctionnaient, j'avais rédigé ce billet traitant d'une bien curieuse paraphilie. Rappelons que l'acrotomophilie n'est que l'attirance qu'ont certains hommes pour les femmes amputées. C'est rare mais bon, je ne m'étais pas trompé, le succès est arrivé puisque me voici référencé par DevGuide, un agrégateur recensant tous les sites dédiés aux fétichismes improbables ("links for devotees of disabled women").

Me voici donc en bonne place sur DevGuide, talonné de près par un Yahoo Group proposant des photos de moignons dans des pantalons puis par une amputée fémorale bilatérale vendant ses photos. Triste réalité que la mienne : je fais du chiffre mais à quel prix !

Comme tout obscur tâcheron, je rêve du succès qui ferait de moi une étoile brillant au firmament. Car, ne vous y trompez pas, derrière ma rude façade et mon intelligence aiguisée, se dissimule en fait une frêle midinette avide de reconnaissance, une gamine venue de l'Iowa et descendant d'un bus Greyhound à Hollywood et s'écriant "Hollywod, à nous deux maintenant !". Je suis un peu la Jennifer Lopez de la psychologie.

Las, rien de tout cela n'arrive. Plutôt que les plateaux de cinéma et la gloire, me voici faisant de la figuration pour survivre, n'hésitant pas à tapiner occasionnellement pour arrondir mes fins de mois. Fragile papillon attiré par la lumière, je me suis brûlé les ailes. Ce qui ne m'empêche pas de rester lyrique comme vous le constatez.

Plumitif payé à la pige le jour, je me piquais la nuit d'écrire des vers qui me rendraient célèbre mais je ne serai jamais Victor Hugo. Musicien ayant noirci des portées destinées à devenir un grand opéra, je ne suis reconnu que pour des chansonnettes ! Je suis une sorte de Mozart, de qui on aurait oublié Le flûte enchantée pour ne se souvenir que de Viens poupoule !(*)

Puisque c'est ainsi, moi qui suis né le même jour que Jack London, tant pis, je vais m'adonner à la presse de caniveau. Prochainement, je vous parlerai de cette curieuse jeune demoiselle que je reçus naguère et qui adorait les borgnes, tant et si bien, qu'elle n'avait de cesse de leur ôter leur prothèse oculaire pour mettre le doigt dans leur cavité orbitale vide. Et puis, tant que j'y suis, je vous livrerai aussi le curieux jeu de ce quinquagénaire qui n'avait de cesse que de se masturber, son visage caché derrière le double rideau, aux fenêtres donnant sur l'immeuble d'en face où résidait une accorte jeune femme. Ce genre d'articles devrait faire du chiffre.

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.(...)
Gérard de Nerval, El desdichado

(*) Rappelons aux plus frustres de mes lecteurs(trices) que Wolfgang Amadeus Mozart n'a jamais écrit la chanson "Viens poupoule" dont vous trouverez les paroles ici.

Cette dernière, bien qu'allemande à l'origine, ne doit sa notoriété qu'au talent incomparable de Félix Mayol, artiste burlesque célébrissime qui restera aussi immortalisé par des titres inoubliables tels que "La matchiche", "La paimpolaise" ou encore "A la cabane bambou".

Rappelons aussi que dans le cadre d'une démocratisation de l'orgue liturgique organisée par l'association "Œcuménisme et chansons à boire", Laurence interprète tous les vendredi soirs les chansons de Mayol, accompagnée par sa mère au chant, en la cathédrale de Nancy.


Je suis très fier d'être l'un des rares blogueurs à vous faire redécouvrir le patrimoine artistique français !

Les preux chevaliers du XXIème siècle !

Chevalier de la RATP combattant l'hydre libérale !
(collection SUD)

Aujourd'hui, mardi, il y avait un "mouvement social" sur la ligne B du RER. J'adore ce terme de "mouvement social". La grève de ces nantis est devenue tellement impopulaire et ses objectifs délirants, qu'il a fallu inventer un néologisme pour faire passer la pilule.

Ah, j'attends demain pour lire la rubrique Voix express, le microtrottoir du Parisien et voir tous les mensonges qu'on va nous livrer. Comme d'habitude, on retrouvera les idiots utiles qui diront qu'ils comprennent les agents de la RATP et qu'ils les soutiennent dans leur combat même s'ils en pâtissent dans leur vie quotidienne. Il y en aura forcément un qui nous sortira sentencieusement que de toute manière la grève est un droit !

Moi, je m'en fous, j'ai tout prévu. J'ai pris ma moto et je suis allé à Paris. Il faisait encore doux et c'était sympa. La dernière fois, je m'étais tout de même escrimé à prendre un RER. C'était peine perdue, la gare était carrément fermée.

J'avais tout de même eu le loisir d'interroger un agent venu là faire on ne sait quoi, sur les motifs de cette grève. Il avait été fort peu explicite, s'embrouillant totalement. Comme j'avais été un poil agressif, enfin juste ce qu'il faut, j'avais eu la réponse suivante :

"Je vous comprends monsieur, je sais que cela vous ennuie. Mais dites vous que notre mouvement social, c'est aussi pour vous qu'on le fait parce qu'on sait que vous, vous ne pouvez pas faire grève !".

J'avais été estomaqué d'entendre ce type m'expliquer qu'il m'empêchait d'aller bosser pour mon bien. Je me demandais combien avait été payé le "conseiller en communication de crise" pour leur avoir appris à proférer un tel mensonge, une telle énormité.

Sans se dégonfler, l'homme en uniforme verdâtre de la RATP m'avait asséné qu'il faisait grève pour me rendre service. Et pourtant, je suis sur que ce pauvre type croyait ce qu'il disait. Lui, le nanti, à l'abri du risque, des cadences infernales, de la promotion au mérite, de la concurrence et du travail, m'expliquait que moi qui ne voyais en lui qu'un fainéant abusant de son statut, je me trompais lourdement.

Sur de lui, de sa réthorique apprise dans quelque cellule de SUD ou de la CGT, il m'avait expliqué sans ciller, qu'en fait, il était en fait une sorte de preux chevalier dont la mission était de nous protéger, nous pauvres proies privées, des griffes du libéralisme.

Cet agent de la RATP était en fait un moine priant pour le salut de nos âmes, à nous pauvres hères perdus dans un monde matérislite soumis à l'influence du malin. J'avais confondu sa robe de bure avec un uniforme de la RATP. Satan m'avait aveuglé au point de confondre ce saint homme avec un voyou.

Ce prototype même de cette France rancie, incapable de bouger, de se remettre en question, m'expliquait posément qu'il était Saint-Georges combattant le dragon de l'ultra-libéralisme, un guerrier œuvrant pour mon bien comme les chevaliers du temps jadis. Les assemblées générales votant ou non la reconduction de la grève étaient la table ronde des temps modernes.

Là où je n'avais vu que privilèges et avantages indûment acquis sur le dos de la collectivité, repli frileux sur des positions intolérables, j'aurais du comprendre tradition, honneur et défense de la veuve et de l'orphelin.

Un jour peut-être, je deviendrai escroc ou voleur et j'expliquerai à mes victimes que je les ai volées pour leur bien. Je m'entrainerai à faire passer mes méfaits pour de la justice sociale. Je serai le nouveau Robin des Bois. Si, je suis arrêté, j'expliquerai au procureur et au juge d'instruction, que là où ces aveugles ne voient qu'actes délictueux, se dissimule en fait de la générosité que ma trop grande humilité m'empêche d'afficher.

Un aussi, plutôt que d'aller s'enrôler dans des ONG improbables pour risquer la mort ou l'enlèvement sous des soleils lointains, les jeunes idéalistes s'enrôleront en masse à la RATP conscient de la mission humanitaire et civilisationelle de cette grande administration.

Perdu dans un monde bien complexe, je ne vois décidément pas plus loin que mon nez.

Scoop : ils en étaient !

23 septembre, 2008

Monseigneur s'il vous plait !


- Salut Philippe, ça va ?
- Emmanuel, je crois que le temps des familiarités a vécu, tu serais bien avisé de m'appeler monseigneur et de me vouvoyer maintenant.
- Mais pourquoi ?
- Cesse de poser des questions et obéit et ne va pas croire que j'aie peur de toi. Tu peux toujours faire ta tête de tueur ouzbek et rouler des yeux ronds, pour moi tu resteras Le Gringeot.
- Mais...
- Il suffit faquin, tais-toi et obéis ou je te fais bastonner par mes gens ! Laisse-moi et va-t-en briquer la Microcar RJ49. Ensuite tu mettras ta livrée et tu me conduiras.
- Ecoutez Philippe, je crois que vous exagérez parce que ...
- Marino, ce qui vaut pour Le Gringeot vaut pour vous. Vous seriez bien aimable de m'appeler docteur et de me faire la révérence. De plus, je ne veux plus voir de commentaires acerbes de votre part sur mon blog.
- Mais ...
- Il suffit ! N'allez pas croire que le fait que vous soyez la mère de Laurence vous sauvera ! Ma vengeance sera terrible !
- Mais, voyons que se passe-t-il !
- Ne me touchez pas, reculez ! Eloignez-vous de ma royale personne ! A la gaaaaarde !

Désolé, comme j'ai réalisé aujourd'hui 2186 connections aujourd'hui, je me dois de changer ma communication. Je rentre dans la cour des très grands maintenant. Alors, le tutoiement et le prénom, tout cela est fini. Qu'on se le dise.

Quand on possède un blog important comme le mien, on a le choix entre adopter la fausse humilité de Le Meur ou assumer pleinement son orgueil.

J'assume mon orgueil !

Ne pas croire en l'homme !


Toujours et encore, on nous ressasse des propos humanistes : j'en ai marre. Ce genre de postulats, gluants de mièvrerie, aurait tendance à m'exaspérer. Pourtant, j'aime bien les gens, sinon je n'aurais pas choisi ma profession.

En revanche, alors qu'en entrant dans mon cabinet, la plupart se croient atteints d'un mal incurable, j'aurais tendance à penser que mes patients sont la plupart plus lucides que le reste de la population. Au moins, sont-ils capables d'imaginer que tout ne va pas bien, et tentent-t-ils de réfléchir. La plupart ont déjà tenté de s'automédiquer en prenant, qui de la came, qui de la coke, ou encore en pratiquant le déni, ce qui consiste à se dire que tout va bien quoiqu'il arrive. Voyant que cela ne marche pas, ils sont tentés de trouver une autre voie et viennent consulter.

Au-dessus de mes chers patients, il y a les personnalités pathologiques, que l'on voit peu parce que leur rigidité caractérielle les empêche de se remettre en question. Les pires à fréquenter sont les narcissiques, les sociopathes, et les paranoïaques. Au moins ont-ils la chance, à défaut d'être lucides, d'être tellement centrés sur eux-mêmes qu'ils pourront faire de belles carrières en politique ou dans les affaires. Certes les moins malins d'entre eux finiront en prison.

En-dessous de mes très chers patients, il y a le troupeau, ceux qui suivent et ne disent rien. Ceux qui sont persuadés qu'une chose est vraie simplement parce qu'on l'a dit à la télé, et ce d'autant plus que c'est un type en costard cravate ou un pseudo-spécialiste qui l'aura annoncé. Pour ceux-là, du foin, un abreuvoir et une étable au dessus de la tête et tout ira bien.

Dans les faits, croire en l'homme ne rime à rien. A de rares exceptions près, les gens sont prévisibles et décevants. Appuyer sur un bouton et vous obtiendrez la réponse que vous désiriez puisque la plupart sortent préprogrammés.

Pour ce faire, nul besoin d'être sorcier, il suffit de se documenter. Pour tous ceux qui adorent lire, achetez les ouvrages suivants :

- Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens de Joule et Beauvois. Vous y apprendrez les rudiments de la manipulation, qui consiste à obtenir des autres le comportement que vous attendez d'eux, en leur faisant croire que cela vient d'eux. Ceci dit, les auteurs semblent moraux et ne dévoilent pas tout.

- Influence et manipulation de Robert Cialdini. C'est un ouvrage similaire au premier mais écrit dans un style plus vivant. Vous y apprendrez d'autres choses encore et notamment, les recettes pour devenir un bon gourou. L'auteur connait son affaire et rédige bien.

- Psychologie de la manipulation de la soumission de Nicolas Guéguen. Alors là, c'est édité chez Dunod. C'est un pavé un vrai livre de cours, pour tout ceux qui veulent quitter la petite carambouille pour devenir de vrais escrocs. Vous aurez les modèles psychologiques qui vous permettront d'entrer dans le "comment ça marche". Si vous digérez l'ensemble une carrière dans la politique ou dans une agence de notation est envisageable.

- Comment gérer les personnalités difficiles ? de Lelord et André. Quand vous vous savez comment les gens interagissent entre eux, vous serez peut-être tentés de savoir comment cela se passe dans la tête d'un individu. Ce livre est fait pour vous. Il est simple sans être simpliste. Vous y apprendrez les rudiments de la personnalité et surtout comment elle déraille. Vous saisirez combien La Fontaine avait raison lorsqu'il écrivit le Corbeau et le Renard.

- Les personnalités pathologiques de Debray et Nollet. Là, c'est la gamme au dessus. C'est édité chez Masson en psychiatrie. C'est la version très élaborée du livre précédent. Voilà de la belle clinique française. On est bien loin des listes du DSM-IV. C'est minutieusement observé et superbement rédigé, ça se lit comme un roman. C'est logiquement fait pour guérir mais entre des mains perverses et avisées, tout ce qui est écrit peut-être utilisé pour contrôler et manipuler. La connaissance est une arme dangereuse.

Si vous lisez le tout, le comprenez bien, le digérez et le retenez, normalement vous ne devriez plus jamais avoir de principes humanistes. Vous comprendrez que la plupart des gens ont autant de liberté que des moutons dans un troupeau. Sans nier le libre arbitre, vous vous apecevrez que c'est une notion plus que délicate à appréhender.

Si vous êtes honnête et doté d'un sens moral élevé, vous saurez mettre des noms sur toutes les arnarques que vous voyez autour de vous. Vous vous apercevrez vite que ces livres, et bien d'autres sans doute, ont été lus par des tas de gens dont l'ambition est de vous faire faire ce que vous ne vouliez pas faire en vous faisant croire que cela vient de vous.

Vous deviendrez effroyablement lucide, vous perdrez tous les biais d'optimismes qui vous faisaient voir la vie en rose, et vous deviendrez déprimés.

Vous pourrez alors vous tourner vers la religion.

22 septembre, 2008

La preuve sociale !



J'ai été témoin d'une curieuse affaire. Une demoiselle m'a affirmé que Mercure, la planète, avait implosé voici deux mois. L'ayant mise en doute, je me suis heurté à un mur. Elle m'a objecté que d'une part, ils en avaient parlé à la télé et que d'autre part, des tas de gens le pensaient aussi. J'aurais pu lui dire que les sondes Mariner et plus récemment Messenger, l'avaient observée mais, je me suis prudemment tu. Comme disait ce brave Gustave Le Bon dans Psychologie des foules, "on ne discute pas plus avec les croyances qu'avec les cyclones".

J'étais face à un phénomène de preuve sociale, l'un des plus curieux phénomène observé par la psychologie sociale. En gros, la preuve sociale équivaut à se dire : je n'y connais rien mais si tout le monde pense cela, alors c'est que c'est vrai. Pour que cela fonctionne, il faut réunir deux conditions :

  • Etre en état d'indécision ;
  • Avoir une similarité avec les gens dont on observe le comportement ;
La preuve sociale est une théorie de psychologie sociale simple, qui explique beaucoup de nos comportements en société. Confrontés à une situation sur laquelle nous avons peu d’informations et exigeant une réaction rapide, comment agir ? La réponse adoptée par tous les animaux sociaux est simple : il suffit d'imiter les autres. Qu'un animal s'élance, et hop, le troupeau se met en marche. De ce point de vue, l'être humain ne fait pas mieux que les moutons ou ses cousins chimpanzés.

L'être humain est généralement très influençable : c'est avant tout un imitateur. Ou du moins la plupart des êtres humains sont des imitateurs. Nous avons tendance à imiter les autres, d'autant plus que leur nombre est élevé et que nous leurs attribuons une connaissance que nous n'avons pas. Et plus le statut social ou la notoriété de la personne que l'on observe sont élevés, plus on aura tendance à imiter.

Ainsi, imaginez un quidam, moi, dans le rayon lessives d'un supermarché. Ne sachant quelle poudre acheter, je vais observer ce que font les gens que j'estime être proches de moi et il y a de fortes chances pour que j'adopte le même comportement qu'eux.

Goebbels n'avait donc pas tort lorsqu'il énonça qu'un mensonge répété mille fois restait un mensonge mais que répété un million de fois, il devenait une vérité. Un spectacle médiocre avec un quidam qui rit ne vous arrachera pas un sourire mais des rires préenregistrés y parviendront. C'est la loi du nombre : si tous les autres rient, alors c'est que cela doit être drôle.


C'est la raison pour laquelle tout groupe de pression destiné à vous faire adhérer à un comportement, qu'il s'agisse de voter ou de vous faire acheter, aura tendance à vouloir contrôler les médias. Lorsque pour entraîner votre adhésion, on utilise l'argument du nombre, par exemple "déjà 10000 clients satisfaits" ou encore "tous les intellectuels votent untel", on tente de vous manipuler par la preuve sociale.

L'utilisation abusive de sondages est une autre manière d'utiliser la preuve sociale parce que si 75% des français pensent quelque chose, il n'y a aucune raison pour qu'un individu isolé pense autrement.


    21 septembre, 2008

    L'inconsciente !



    Je n'aime pas balancer les gens mais là, trop c'est trop. Cet après-midi, hop, moi qui ne bricole jamais, je me dis que je pourrais affuter ma Microcar RJ49. D'ailleurs, c'est con que ce soit un moteur Sachs, parce que si ça avait été un bon vieux Motobécane des familles, j'aurais acheté un kit et un pot de détente et j'aurais fait cracher les chevaux.

    Voici quelques semaines, Olive mon pote riche qui roule en Touareg W12, a émis l'idée d'acheter un triporteur Piaggio Ape, vous savez ces trucs que les magasins Nicolas utilisaient pour leurs livraisons. Alors bon, si on devait se tirer la bourre, j'aimerais ne pas être trop ridicule !

    Mais là, je me suis juste contenté de changer la bougie et de nettoyer le filtre à air. Ensuite, on fait chauffer et hop, en fin de journée : la récompense tant méritée. Un coup de démarreur et ça part au quart de tour. J'ouvre donc ma grille d'un coup de télécommande, et impérial, je sors au volant de mon coupé sport en plastique

    Personne à droite, personne à gauche, j'appuie sur l'accélérateur, l'embrayage automatique patine et la voiture s'arrache enfin à la pesanteur. Dommage pas un seul joli petit lot en vadrouille. On a beau être marié et fidèle, on aime tout de même bien jouer les beaux. Je me dis que c'est un peu ballot d'avoir payé 450€ ma Microcar RJ49 pour que personne ne m'admire.

    Je regarde le compteur, tout de suite, des vitesses hallucinantes sont atteintes. C'est à près de quinze kilomètres heure que je négocie le virage à droite au bout de ma rue. Un coup d'œil rapide à droite et à gauche, pas de bagnoles, et surtout pas de flics, hop je grille allègrement le stop pour conserver ma vitesse. Je grimpe la côte à la vitesse hallucinante de vingt kilomètres heures.

    En haut arrêté à un feu, j'en profite pour appeler Laurence à qui je n'ai pas parlé depuis quelques jours. Elle n'est pas là, alors je me contente de lui laisser un message sur son répondeur sur lequel j'en profite pour lui faire entendre le bruit du moteur.

    Je me balade encore vingt minutes dans les rues de ma ville, laissant derrière moi un panache de fumée bleue puisque mon bolide tourne au mélange. J'enchaîne les descentes à trente kilomètres heure, et les virages serrés pour ne jamais perdre de vitesse.

    Autant vous dire que je suis grisé par la vitesse et concentré sur ma conduite. Non, qu'à cette vitesse, on se tue mais simplement que dans mon cube en plastique, même une Smart est une grosse voiture.

    Je finis ma promenade, j'enquille le grand rond-point à fond, talonné par une 206 conduite par une petite blonde qui semble canon vue du rétroviseur. Pas le temps de filer des autographes aux groupies aujourd'hui. Alors d'un coup, sans même mettre le clignotant, je vire à droite.

    La caisse se penche à gauche et j'entends la roue avant gauche faire scroutch scroutch contre le pare-choc. Deux minutes après, collé au bitume, un autre coup de volant à droite et je rentre chez moi. Ma merveille tient aussi bien la route qu'un kart !

    Exténué par cette course, je descends de ma voiture. Je repense à Space Mountain et je me dis que chez Dysney, c'est vraiment que des gros Mickeys. Et là, j'entends mon portable sonner. C'est un message de Laurence.

    Elle a osé me rappeler alors qu'elle savait que j'étais dans ma Microcar RJ49. Assourdi par le bruit du monocylindre deux temps, je n'ai même pas entendu la sonnerie. Heureusement, parce que c'était un coup à aller au tas.

    Finalement la différence entre Schumacher et moi, c'est que lui, personne ne l'emmerdait durant les courses.

    18 septembre, 2008

    Questionnaire : êtes-vous tolérant ?

    Un de vos amis les plus chers, celui-là même sur qui vous pensiez pouvoir compter en toutes circonstance, un roc inébranlable, un être toujours d'humeur égale, un individu qui a pour vocation d'aider les autres, un homme dont l'intelligence vous avait toujours semblée supérieure, vous apprend tout penaud qu'il vient d'acheter un Imac 24'.

    Que lui-répondez-vous ?


    • A : Tu sais, notre société est aujourd'hui plus ouverte et tolérante et tu ne seras pas le premier type marié de quarante ans à faire son coming out !

    • B : Tu fais vraiment un métier de voleur ! Quand on voit combien coûte cette merde, il faut que tu en escroques du monde pour te le payer !

    • C : Quand tu m'as montré ta Microcar Rj 49, j'ai su quelque chose ne tournait pas rond chez toi. Je me suis dit que tu devenais complètement con. Connais-tu un bon confrère à qui tu pourrais parler ?

    • D : Tu as beau jouer les durs, je sais que tu as toujours été un être faible et pusillanime. Tu as finalement réussi à te laisser convaincre par ton épouse d'acheter un Mac !

    • E : Tu as bien fait. Tu sais les PC, c'est pour les bidouilleurs et tu n'as jamais été très doué en informatique. Sans Laurence tu es complètement perdu. Alors le Mac est fait pour toi.
    • F : Dire que tu te foutais de la gueule des bobos ! Tu es vraiment une merde et je te méprise, ne me parle plus jamais !

    • G : Vous dégainez votre Magnum 44 et vous lui logez le chargeur complet dans sa face en estimant que les jurés comprendront votre réaction et vous acquitteront.

    • H : Et alors, c'est bien d'avoir changé. A l'usage, tu verras bien si tu préfères Mac OS X ou Windows comme système d'exploitation ?


    Bien entendu, ce test n'a aucun lien avec moi. Je préfère prévenir au cas ou quelques individus malveillants auraient imaginé que je puisse encore parler de moi.


    Pomme carrée roulante

    15 septembre, 2008

    Boboland et éloge de la médiocrité !


    Un de mes patients bien informé m'avait prévenu dès le début du mois d'août, cette année la Starac quitte son château de Seine-et-Marne pour s'installer au coeur de Paris, en plein Marais. Nous avions beaucoup ri en imaginant la tête des habitants du quartier et nous savions déjà que cela poserait des problèmes.

    Cela n'a pas raté. Depuis quelques temps, le Parisien relate la guerre pichrocoline à laquelle se livrent les bobos déterminés à ne pas subir les aléas d'une émission populaire. Car si le bobo est de gauche, il préfère tout de même voir les pauvres loin de lui, un peu comme les dames de charité du XIXème siècle. Que des hordes de banlieusards, voire - horreur - de provinciaux investissent son quartier de référence frise l'outrage !

    L'autre est toléré, et ce d'autant plus qu'il est exotique ou très pauvre, mais pas trop longtemps quand même, car le bobo s'est rendu compte que "l'autre" était moins dérangeant en banlieue que près de chez lui. Ainsi, le pauvre, l'exclu comme on dit, s'est vite retrouvé à la porte quand il s'est trop imposé sur les quais du Canal Saint Martin. Passée ma minute sentimentale, une fois les caméras parties, le bobo, habituellement antiflic, a vite retrouvé l'adresse du commissariat pour faire virer cs fâcheux.

    Ce matin, arrivant en avance pour mes consultations, j'ai lu le Parisien et appris qu'une association déterminée à empêcher la starac de s'installer dans le Marais avait vu le jour. Dans le même temps, d'autres personnes ulcérées parce ce qu'elles considèrent comme une "privatisation" du quartier dénoncent cette ségrégation. Parce qu'en effet, il est question de ségrégation. Non pas la bonne vieille ségrégation contre laquelle se rebella Rosa Parks, mais une autre plus insidieuse. C'est ainsi que l'article du Parisien relate que :

    "Furieuse, une commerçante très branchée de la rue du Perche dont les chaussures en vitrine atteignent plusieurs centaines d’euros a même lancé une pétition… 2 400 personnes ont déjà signé. Mieux : 1 425 riverains se sont rassemblés sur le site communautaire Facebook, dans un groupe intitulé « Ceux qui ne veulent pas de la Star Ac rue Charlot »."

    Fichtre, sacré quartier que le Marais où c'est une marchande de chaussures qui brandit l'étendard de la révolte. A la place des fans de la Starac, je ferais très attention. D'ici que les bobos s'organisent en milices et grimpent dans leurs Smart, Austin ou Vélib' pour patrouiller et faire des "staraconnades"", il n'y a qu'un pas. Une corde et un arbre et on va vite se retrouver avec des lynchages comme en Alabama. Ceci dit, je suppose que si la production de Starac était venue achetr cent paires de chaussures à la marchande colérique, celle-ci se serait calmé. Même le journal 20 minutes s'y met. Dans un article mémorable, on apprend ainsi que :

    "Marie-Catherine, habitante du quartier, dénonce un «scandale»: «il n’y a pas assez de places de stationnement dans le quartier, et on en réserve six à l’émission», fulmine-t-elle. Et d’ajouter: «Ce n’est pas du tout le quartier adapté pour la Star Ac. C’est un lieu historique, et on vient y installer ce loisir de grande consommation, dont l’objectif n’est que de faire du fric»."

    Ah, j'adore cette Marie-Catherine qui vante l'aspect historique des lieux et dénonce la grande consommation et le fric. La méchanceté et la laideur des bobos n'a décidemment aucune limite.

    Par contre, j'ai raison de croire qu'un jour tout finit par se payer. Le bobo grand amateur et laudateur du bruit va finalement en avoir sous ses fenêtres.

    En solidarité avec les amateurs de la Starac, j'ai acheté de grosses enceintes noires pour mettre sur mon Imac. Le vendeur, voyant qu'il avait à faire à un client Mac et non à un vulgaire utilisateur de PC, a tout prix voulu me fourguer des JBL blanches que je trouvais assez laides à force d'être design. On aurait dit un petit seau renversé flanqué de deux mini enceintes en forme de fleurettes. C'en était ridicule. J'ai donc opté pour une paire de Logitech basiques, bruyantes et soldées. Cela enlaidit considérablement l'objet mais c'est rassurant. Cet objet gris, plat, glacé et sans aspérités, avait quelque chose d'angoissant.

    Un peu de laideur dans un monde trop lisse ne fait jamais de mal. Il faut parfois mieux aimer la médiocrité que l'excès.

    "Il est d’une âme grande de mépriser les grandeurs, et d’aimer mieux la médiocrité que l’excès : la médiocrité seule est utile et fait vivre l’homme ; l’excès nuit par son superflu même. Ainsi versent les épis trop pressés ; ainsi la branche surchargée de fruits se rompra ; ainsi l’exubérance n’arrive point à maturité. Il en est de même des esprits ; une prospérité sans mesure les brise : ils n’en usent qu’au préjudice d’autrui comme au leur."

    Sénèque, Lettres à Lucilius, Extrait de la lettre XXXIX

    C'est-y pas beau ça ???

    Trucs de bobos !


    Il y a des jours où je n'ai pas d'inspiration et d'autres où je pourrais écrire un livre entier, voire plusieurs. Sont-ce les muses qui daignent m'inspirer ou simplement une crise hypomaniaque ? Je ne le saurai jamais puique je me préoccupe assez peu de moi. La vérité est que tant que je peux mettre du mélange dans ma RJ49 et aller contempler des poupées qui chantent chez Mickey, ma vie me convient.

    Récemment, parce que Le Grand Charles, cher et estimé confrère capricorne, en parlait, je suis allé lire un nouveau blog intitulé "Trucs de bobos". L'initiative n'est pas nouvelle. Les bobos, ces drôles d'individus déracinés ne pouvant vivre qu'en milieu protégé, fascinent tant leur mode de vie interpelle. Tout a été ou presque écrit sur eux. Ce blog n'offre pas grand intérêt si ce n'est qu'il dresse un catalogue assez exhaustif des habitudes boboïdes. C'est un sympathique travail d'entomologiste très observateur et bien rédigé mais il lui manque à mon sens, une bonne dose de méchanceté et surtout de truculence. Le regretté Philippe Muray (mon Dieu quel joli prénom !) possédait un tel talent pour "assassiner les bobos", que tout semble terne à côté.

    Dresser l'inventaire des manies du bobo ne suffit pas à comprendre le sujet. C'est aussi lacunaire que de tenter de comprendre un peintre en exposant la liste de ses œuvres. Il faut aller plus loin et tenter de saisir l'essence même qui fait que le bobo aime des choses qui au mieux laisse indifférent les autres et au pire les dégoûte.

    J'ai pu approcher les bobos de près. Ma profession fait que je ne me suis pas contenté de les observer : je suis un peu entré dans leurs têtes. Ce qui m'a toujours surpris chez le bobo, c'est cette manière de tout pervertir. Ainsi, le laid devient beau, l'insignifiant prend de l'importance.

    Tertullien explique que le diable était le singe de Dieu, en ce sens qu'il voulait l'imiter sans y parvenir. Le bobo pourrait être le singe de ce qu'on appelait auparavant l'honnête homme. Il imite l'honnête homme jusqu'à prendre sa place.

    Au XVIIème siècle, l'honnête homme possède une culture générale étendue et les qualités sociales propres à le rendre agréable. Homme de cour et homme du monde, il se doit de se montrer humble, courtois et cultivé mais aussi de pouvoir s'adapter à son entourage. Au nom de la nature, il refuse tout excès et sait dominer ses émotions.

    Cette conception de l'Honnête homme renvoie à la phrase célèbre de Montaigne expliquant qu'il vaut mieux avoir "la tête bien faite que bien pleine". Par un subtil équilibre entre culture générale, bon goût et exquise politesse, Montaigne entendait que l'homme réalise pleinement la définition antique de Platon qui en faisait un «animal raisonnable».

    Le bobo tente de s'approcher cet idéal, du moins veut-il nous le faire croire. Mais en l'observant patiemment, au-delà de ses habitudes qui nous font soit rire soit hurler, on s'aperçoit bien vite que ce n'est qu'un cuistre, un pauvre type qui ne brille qu'en se parant de médiocres attributs que sont les connaissances inutiles et le dédain pour les choses communes. Angoissé de n'être rien, il ne trouve pas refuge dans la sagesse de la philosophie mais dans une attitude prétentieuse et puérile.

    Souvent originaire d'une toute petite ville de province un peu ennuyeuse à son goût, où il manquait surtout de reconnaissance, le bobo "monté" à Paris souffre beaucoup. On lui avait vanté les délices de la grande ville et il est déçu. Paris est une grande ville froide et triste où les gens ne se disent pas bonjour. Alors le bobo n'aura de cesse que de recréer l'ambiance de sa sous-préfecture d'origine. Pour éviter la solitude, il jouera au parisien avec des amis provinciaux et tentera de devenir encore plus parisien que les parisiens. Il mènera une vie de quartier qui n'a qu'un très lointain rapport avec ce que furent les quartiers parisiens. Il sera le "géant de ses rêves" pour ne pas être "le nain de ses cauchemars".

    En d'autres temps, on l'aurait qualifié de snob, dont la racine est sine nobilitate, mot qui servait à définir les parvenus qui s'inscrivaient au collège d'Eton ou dans les prestigieuses université d'Oxford ou Cambridge.

    De fait, le bobo trahit, salit, travestit et dessèche tout ce qu'il approche. Ayant trouvé la formule permettant de changer l'or en plomb, il nous propose des contre valeurs dans lesquelles les universaux que furent le beau, le bien et le vrai n'existent plus.

    Tel marché misérable pourvu qu'il soit situé dans une contrée exotique devient "un merveilleux kaléidoscope de couleurs et de fragrances" tandis qu'un amalgame d'objets hétéroclites devient œuvre d'art.

    Telle couleur, jadis sans plus d'importance qu'une autre, sera magnifiée, par le seule magie du verbe bobo. Ainsi en est-il du marron aussi appelé brun. Pourtant,e ntrez dans l'antre d'un bobo, qu'il s'agisse de son logement ou d'une boutique qu'il exploite et commencez à utiliser les mots "marron" ou brun". Immédiatement, vous verrez le bobo haussez le sourcil d'un air horrifié pour vous corriger ! On ne dit plus marron, on dit "pain brûlé".

    Le laid devient beau, l'insignifiant capital. Certains ont osé comparer les bobos d'aujourd'hui aux dandys d'hier. Baudelaire qualifia les dandys de "hercules sans emploi" et il n'avait sans doute pas tort. Le destin particulier de Lord Byron illustre bien cette comparaison, lui qui commença sa vie dans la débauche, trouva la rédemption dans l'art et la politique avant de mourir à trente-six ans. De la même manière, si Arnould de Liedekerke a pu écrire "Talon rouge, Barbey d'Aurévilly, le dandy absolu", on ne voit pas à quel bobo actuel cet érudit aurait pu consacrer une telle somme.

    Le bobo c'est de la clinique mais jamais de la littérature. Ça se résume à un fond dépressif chronique sur fond de manque d'estime de soi. Otez ses béquilles pseudodentitaires au bobo, et il ne restera plus qu'à le mettre sous antidépresseur. Le bobo ressemble un peu à ces magnifiques immeubles hausmanniens que des promoteurs achètent et rénovent de fond en combles. Les façades sont jolies mais à l'intérieur, il n'y a plus rien : la vie a déserté les lieux.

    Le bobo est tout sauf un dandy, ce n'est qu'un cuistre.

    14 septembre, 2008

    J'ai changé mes habitudes !



    S'il y a bien un truc que je déteste, c'est bien de changer mes petites habitudes. De ce point de vue, j'ai un côté un peu autiste. Si on me change quoi que ce soit dans mon environnement, j'angoisse, je déprime, et je finis par m'étioler, quand je descends sous la barre des quarante kilos, je risque de mourir de consomption comme une jeune fille du XIXème siècle amoureuse d'un jeune poète désargenté mais que son père, bourgeois obtus, souhaite marier au fils du notaire. Bon, c'est vrai qu'avant de parvenir sous les quarante kilos, j'ai de la marge. Mais bon, tout de même, il ne faut pas ignorer ce danger.

    Quand j'entends mes patientes se plaindre de leurs maris, emcs, copains, pour la raison qu'ils ne les surprennent plus et qu'elles rêveraient d'un week-end surprise, je rigole sous cape. En mon for intérieur, je me dis qu'elles ont de la chance, parce qu'avec un mec comme moi, il n'y aurait aucune surprise du tout !

    Mais venons-en au but de cet article, qui encore une fois n'a aucun rapport avec la psychopathologie, même si plus haut j'ai parlé d'angoisse et de dépression. Voici dix-huit ans que j'avais des PC.

    Tenez, je me souviens encore du premier que j'aie acheté. C'était en 1990, j'avais 23 ans . C'était un truc allemand, un desktop que j'avais payé 9990 Frs après une enquête minutieuse. Il s'agissait d'une vraie bête, jugez plutôt : un 386SX25 avec 1 mo de ram.! D'ailleurs, je ne sais même plus si c'était des mo à l'époque ? Sans doute que non ou peut-être que oui. Je me souviens que sur les conseils avisés du vendeur de l'époque, j'avais doublé la ram pour une valeur de 700 frs ! Il était vendu avec un beau moniteur VGA de 14' et croyez-moi, j'en étais fier.

    A l'époque, je devais être l'un des rares à être équipé d'un pc. Je me souviens que j'ai commencé à travailler cette année là. Les PC ont débarqué en masse remplaçant les bonnes vieilles IBM à marguerite des bureaux. Je me souviens encore de la tête de mes vieux collègues face à ces étranges machines. Ils étaient tétanisés ces gros nuls. Et pendant ce temps là, moi votre serviteur, je me baladais comme un chef dans World et Excel, réalisant des feuilles de calcul de la mort.

    Puis, sont venus d'autres appareils dont je me souviens guère. Benoîtement, j'ai suivi la montée en puissance des machines. Tous les trois ou quatre ans, j'ai changé de machine. Et comme je suis un gros rat qui ne jette rien, là-haut, chez moi, sous les combles, c'est le musée du PC. Mon épouse voudrait que je balance tout. Moi je ne peux pas. D'une part, il y a mon côté autistique qui fait que si j'en jette, je risque d'angoisser puis de déprimer et enfin de mourir de consomption, comme je vous disais plus haut. Et puis, je ne sais pas, je n'aime pas jeter. Comme j'ai bonne mémoire, un coup d'œil sur chacun d'eux me remémore des étapes essentielles de ma vie : écriture d'un mémoire ou d'une thèse, première connection à l'Internet, apparition de l'USB, etc. Pour me consoler, je me dis qu'un jour tout cela vaudra de l'or.

    Hier, samedi 13 septembre, je suis soudainement devenu fou : j'ai changé mes habitudes. Après dix-huit ans de fidélité absolue aux produits de Bill Gates, j'ai rompu notre union. Lassé des plantages, des mises à jour incessantes, j'ai écouté les conseils avisés de certains et j'ai acheté un Mac.

    Je suis allé à la FNAC, et hop. Enfin je dis et hop. Ça n'a pas été facile. Je regardais les Mac et les PC. J'allais d'un rayon à l'autre, comparant et recomparant tout en sachant très bien ce que je voulais. Le problème c'était de changer d'habitudes. Je comparais un portable Sony, suréquipé, et un bel Imac 24 pouces, ce qui n'a strictement rien à voir. Heureusement, j'étais entouré et épaulé par mon épouse et un vendeur compétent. Parce que sinon, moi qui étais venu, pour acheter un Mac, je serais reparti avec un portable Sony. Je m'en serais voulu une heure après mais j'aurais évité l'angoisse immédiate.

    J'ai finalement acheté un Mac. J'étais tellement pétri d'angoisses, que mes défenses étaient totalement absentes. Je me suis même fait refourguer une garantie étendue et optionnelle à 279 €. Là, il faut vraiment que j'aie été très mal pour être aussi con. Parce qu'il s'agisse d'un aspirateur, d'un lave-vaisselle ou d'un téléviseur, jamais aucun vendeur roué, n'a jamais réussi à me fourguer la garantie optionnelle. J'ai même acheté des logiciels neufs, dans leurs beaux emballages, c'est vous dire.

    Rentré chez moi, j'ai déballé la bête. C'est vrai qu'il est beau. A la limite il est trop beau. Ce genre de truc design me déconcerte un peu. Moi, je suis un utilitariste. Non que je n'aime pas le beau mais le design comme cela c'est étrange. J'ai l'impression que cet objet ne me correspond pas. Dans un cabinet d'architecte, chez un graphiste, pourquoi pas, mais dans mon bureau, c'est bizarre. Surtout que ce bureau est destiné sous peu à devenir un second lieu de consultations. Enfin, bon.

    Ce genre de trucs dans le cabinet d'un psy, ça fait un peu escroc n arcissique qui se la pète. Enfin, c'est mon idée. J'aurais détesté allez consulter un confrère qui ait un Imac 24'. Je me débrouillerai pour qu'il y ait toujours un Figaro négligemment oublié quelque part, bien en vue, sinon on va croire que je fais partie de la gauche caviar.

    Je le mets en route et là, le monde change. En cinq minutes montre en main, l'ordinateur est prêt à tourner, connecté au wifi. C'est après que les galères commencent. Le clavier, tout petit et plat, mais confortable à l'usage, s'avère déconcertant. La touche "!", n'est pas au bon endroit. La barre de tâches en dessous, qu'ils ont baptisée "dock" est étrange. Ce d'autant plus qu'elle est remplie de programmes pour branleurs. Chez Mac, on est vite averti qu'il faut aimer la musique, les photos et la vidéo. Moi, qui ne fais que des photos de vacances médiocres, et n'ai jamais utilisé un caméscope de ma vie, me voilà bien avancé.Quant à la musique, mon vieux Pleyel 3bis, est totalement dépourvu de port USB !

    Je commence à télécharger les programmes essentiels. Et là, ça commence, bienvenue dans un monde solitaire. Il faut à chaque fois annoncer que c'est pour Mac et il y a moins de choses. Et souvent les programmes sont au rabais par rapport à ceux pour PC. Même Emule devient Amule. L'interface change et ça me déroute. Quant à MSN, n'en parlons pas. Heureusement, il y en a un fourni avec Office pour Mac que j'ai acheté. Putain, je n'en reviens pas, j'achète des programmes maintenant ! Alors qu'avant, on se démerdait toujours pour trouver le truc qui manquait. Le PC c'est le monde de l'entraide et de la bidouille tandis que le Mac's Wolrd, c'est le monde l'argent !

    Et ce putain de clavier ! L'arobase n'est pas placée au même endroit. C'est tout en haut à gauche. Et la souris pourrie livrée avec l'appareil. Moi qui étais habitué à mon trackball, d'où une certaine agilité du pouce droit, me voici revenu à la souris filaire et au tapis merdique. Pour les ânes, le trackball, c'est une souris fixe avec laquelle on fait défiler les trucs en actionnant une petite boule avec son pouce.

    Enfin, chaque fois que je télécharge un truc, je ne sais pas où il va ! Les salauds m'avaient dit que c'était intuitif, mon cul ! C'est déroutant oui ! Mon épouse m'entend gueuler du bureau. "Putain de Mac de merde", "saloperie d'ordi", "mais quelle merde ce truc !", sont quelques imprécations que je lance à la volée. Elle ne s'en fait pas. Elle me connait suffisamment. Elle se contente de me dire "ne t'inquiète pas, ça va venir, c'est une habitude à prendre", comme si elle s'adressait à un gosse de quatre ans. D'ailleurs je le sais bien mais gueuler libère.

    Oui, elle a raison sauf que moi, je voudrais que l'habitude vienne vite. Comme tous les hommes, bien sûr, je n'ai lu aucune doc, me fiant à mon génie inné de la compréhension des choses techniques. Mon épouse me rassure en m'expliquant que son ami Bruno, un architecte qui ne jure que par Mac viendra passer une demie journée avec nous pour nous apprendre les rudiments.

    Putain, une demie-journée avec Bruno ! Lui, c'est l'analysant parfait. Une fois, comme il aime faire la cuisine, il était venu chez nous faire un Tiramisu. Il pesait tout au gramme près. Il a mis des heures. On aurait cru un ingénieur chimiste se livrant à une expérience super dangereuse risquant de faire péter le quartier. Moi, je ne sais pas faire la cuisine, mais bon, j'aurais tout fait à l'arrache, à vue d'oeil, mais lui non. Enfin, s'il faut en passer par là, je passerai la matinée avec l'ingénieur. Après tout, je m'y ferai, mon filleul est un peu comme lui dans le genre pinailleur et je le supporte.

    Enfin, après quelques temps, je commence à m'en sortir, même si cette putain de barre des tâches en bas a encore disparu. Bon, c'est beau, y'a pas de fils qui trainent mais pour le reste, ça n'a rien d'intuitif. Je préférais mon bon vieux PC. Et cette souris de merde et son fil pourri, j'en ai marre ! Et chaque fois que je veux marquer mon point d'exclamation, je me retrouve avec "=" parce que le "!" est en haut. Heureusement que le père Jobs n'est pas à côté de moi, sinon il aurait pris ma main dans la gueule pour apprendre ce qu'est l'intuition et l'ergonomie.

    Chose amusante, en regardant sur Wikipedia, j'ai vu que Steve Jobs est né en février. C'est un verseau comme mon filleul et Bruno l'ingénieur-cuisinier. Ah non, même pas, c'est un poisson. encore moins bien que verseau qui déjà n'est pas un signe terrible. Pff, les poissons c'est pas carré comme signe. C'est fantasque et imaginatif. Confiez la conception d'un ordinateur à un capricorne, et il vous fera un truc simple , cubique avec les trucs essentiels et sans superflu. Le poisson c'est trop artiste. C'est sans doute pour cela que Mac est prisé par les artistes. Je trouve ma Microcar RJ49 plus intuitive. Heureusement que c'est pas Steve Jobs qui l'a conçue sinon je chercherais le démarreur sous le siège et le volant serait dans le coffre.

    Produit rationnel et français !

    Je suis même en train de me demander si Mac n'est pas fait pour ceux qui se la pètent et trouvent géniaux des trucs médiocres : les bobos ! Mais bon, je suis coincé, je viens d'acheter un Mac neuf ! Allez, j'arrête sinon le bel Imac va valser. Surtout que j'entends Laurence m'appeler sur MSN. Manque de pot, comme je n'ai plus la barre de tâche, j'entends juste le son matérialisant l'appel mais je ne la vois pas. Impossible de lui répondre, c'est frustrant. Dire que tous les utilisateurs de Mac ne jurent que par ça. Il parait même, de source sure, qu'un type qui passe de PC sur Mac ne revient jamais sur PC. Mouais, faut voir.

    Bon, allez j'arrête. Dès demain, j'irai acheter un livre pour crétins démarrant sur Mac, pour apprendre à m'en servir. Peut-être qu'en même temps, j'irai m'acheter une chemise près du corps et des lunettes carrées. Et puis, j'ai entendu qu'un jeune vidéaste-plasticien exposait dans un squat d'artistes, il faudrait que j'aille le voir.

    Je ne dois pas non plus oublier d'aller à Versailles pour voir les oeuvres de Jeff Koons. J'aime bien cette idée consistant à désacraliser le grand siècle en permettant à des artistes contemporains d'exposer. J'aimerais bien qu'un jour, il y ait du hip-hop à l'opéra Garnier et du slam salle Pleyel.

    Le virus Mac est en moi ! Et cela me fait un peur. Salut à tous(tes), je vais boire une tasse de café équitable.

    Putain que c'est beau du Koons !

    12 septembre, 2008

    J'hésite !


    Bon après avoir amplement parlé de Mickey et de ma RJ49, le moment est venu de m'assagir. Je pense effectivement aux pauvres hères qui, après une recherche sérieuse dans google, atterrissent sur mon blog pour apprendre que je me suis baladé en petit bateau au milieu de poupées qui chantent.

    Je sais que l'on a coutume de dire que les psys sont tous à moitié dingues, mais à moitié seulement. Etre un bon professionnel réside donc dans le savant dosage entre sérieux et moins sérieux. Quoiqu'à la vérité, et pour ma décharge, je sais quand je perds le fil ce qui n'est pas le cas de tous mes confrères.

    Certains peuvent s'avérer dingues et ne pas le savoir, ce sont les pires. Je me souviens voici bien des années, d'un confrère avec qui j'avais discuté lors d'une soirée à l'un des sydnciats professionnels que je fréquente. Barbe à la Freud, veste en tweed et petit nœud papillon, il avait le costume du psy, sans doute livré avec le divan. A un moment donné, tandis qu'il me parlait d'un patient à problème, il m'expliqua qu'il le suivait depuis quinze ans bientôt !

    Moi, aussitôt alléché par l'appât du gain, me disant que c'était décidemment une bonne affaire un mec qui reste quinze ans dans un cabinet, je m'enquiers aussitôt de la pathologie du patient afin de me spécialiser dans ce truc très lucratif. Mon confrère m'explique alors le cas dans lequel, je ne vois rien qu'une pauvre dépression sur un fond de manque d'estime de soi. Rien que du bien basique, le genre de truc que je bâche en six mois parce que je suis efficace et honnête.

    J'explique alors à mon confrère que quinze années de traitement me semble bien longues pour une pathologie aussi simple. Ce dernier, doctoral à souhait, se penche alors vers moi avec des airs de conspirateurs. Il m'explique à mi mot que ce patient a un frère jumeau. Moi naïf, je lui demande en quoi cela changerait quelque chose. Et l'autre, devenant carrément professoral, avec le sourcil froncé de me répondre : "compliqué la gémellité, compliqué cela" sans en dire plus . Son visage s'est aussitôt fermé et j'ai saisi qu'il était définitivement convaincu que je n'étais qu'un gros balourd incapable de comprendre toutes les implications de cette fameuse gémellité.

    Voilà le genre de confrères plus qu'à demi-fous. Pas du genre à vous expliquer leur voyage chez Mickey ou leurs promenades en RJ49. Non des mecs habités de leur importance et persuadé que les arcanes de l'esprit humain ne peuvent être lues que par quelques rares initiés. D'ailleurs à cette époque, étant plus jeune, je me demandais toujours en sortant de ces réunions, si c'était eux les dingues ou moi qui n'avais pas compris des trucs. Enfin, tous n'étaient pas dingues tout de même !

    Ce genre de structure paranoïaque est dangereuse à fréquenter. La paranoïa était auparavant appelée la "folie raisonnante". Rien de pire qu'un paranoïaque ! Il est tellement carré et pénétré de son délire que si vous n'y prenez pas garde, vous pouvez être entraîné avec lui dedans. Écoutez un paranoïaque et vous constaterez combien son délire est construit et précis. Aussi précis que les calculs qui ont présidé à l'érection d'un gratte-ciel. Sauf que dans le cas d'un délire paranoïaque, le gratte-ciel est construit sur du sable.

    C'est pour cela que le délire paranoïaque est aussi appelé rationalisme morbide, parce que c'est une pensée malade. Mais, sauf dans ces cas extrêmes, on ne prend pas toujours garde qu'on a un paranoïaque en face de soi. Ils sont brillants et convaincants. Et à l'échelle d'un pays on se retrouve vite sous la botte à Hitler ou sous le regard de Staline !

    Souvent quelqu'un de plus faible et de plus fragile peut entrer dans le délire d'un paranoïaque. Le paranoïaque se distingue pas deux traits de personnalité saillants : une hypertrophie du moi et une méfiance exacerbée. Ils en imposent et sont toujours aux aguets. Si l'on ne se rend pas compte de cette pathologie, on peut se retrouver embringué dans le délire du paranoïaque tant ils peuvent être convaincants.

    Ce "délire à deux" ou "folie à deux" ou "délire partagé" encore "folie de voisinage" est une forme de délire chronique. Il suffit par exemple d'un grand méchant parano et de quelqu'un d'influençable et le tour est joué. Généralement le délire débute chez une personne appelée dominante, inductrice ou primaire, et se communique à l'autre personne ou aux autres personne, placée dans une position de soumission ou de dépendance. L'inducteur du délire n'est pas forcément un paranoïaque mais généralement cela marche mieux avec parce que le paranoïaque, du fait de son moi exacerbé, possède une capacité de persuasion terrible.

    Les sectes ou partis politiques sont le creuset parfait pour ce genre de délires à deux ou de folie partagée. Le gourou ou le chef du parti réussit généralement bien du fait de ses traits paranoïaques. La méfiance exacerbe permet de créer un ennemi commun qui fédère les troupes tandis que le moi exacerbé permet de les tenir sous sa coupe.

    J'ai eu le cas d'un patient vivant avec une grande paranoïaque, qui à force de subir l'énorme pression de son conjoint en était venu à être persuadé qu'elle avait raison. Homme gentil et trop soumis, et surtout très dépendant affectivement, il avait été totalement instrumentalisé par sa harpie paranoïaque. Ce fut un cas très difficile parce qu'il était à un tel point immiscé dans ce délire à deux, qu'il en avait presque perdu la notion du réel. On peut imaginer que la compagne de Fourniret est entrée dans un tel type de délire l'amenant à être une collaboratrice active de son monstre de mari.

    Ainsi, si je n'avais pas été solide, lors de ma rencontre avec ce confrère étrange persuadé que la gémellité était un facteur aggravant de dépression, j'aurais pu rentrer dans son délire tellement il était convaincant mais aussi plus âgé que moi et donc plus expérimenté. Je me serais imaginé inférieur à lui et hop, le tour était joué. Et je suppose que son patient est rentré dans ce jeu au point de rester quinze ans thérapie. Finalement on orgueil m'a sauvé parce qu'il n'est pas venu le jour où un confrère me vendra sa soupe sans que je l'ai goûtée et approuvée.

    Finalement, ma petite folie me rassure. J'achète une Microcar RJ49 et je me balade chez Disney dans un hangar rempli de poupées qui chantent mais pour le reste je suis sain d'esprit.

    Bien entendu, je n'ai encore une fois pas honoré mon contrat. Si j'avais intitulé cet article "J'hésite", c'est parce qu'en fait je voulais vous expliquer que j'hésitais entre la rédaction d'un article sur l'orthorexie et celle d'un autre consacré à la violence urbaine.

    Je n'aurai finalement parlé ni de l'un ni de l'autre. Enfin, j'aurai abordé de manière lacunaire et parcellaire la paranoïa et le délire à deux. C'est déjà cela. Pour de plus amples informations, allez sur des sites spécialisés.

    Et dans tous les cas, lorsque vous êtes face à quelqu'un de très (trop ?) convaincu ou convainquant, à la limite de l'exaltation, qui vous vend la messe en vous assurant des lendemains qui chantent, dans votre tête marquez un temps d'arrêt, le temps de vous demander si c'est un simple passionné ou un vrai paranoïaque qui vous embarque dans son délire.

    De toute manière un paranoïaque a toujours la même manière de délivrer son message : "soit vous êtes avec moi, soit contre moi".

    11 septembre, 2008

    Je commémore le 11 septembre à ma manière !

    Moi prisonnier des pattes d'une souris géante et souriante !

    Bon, je vous avais promis un article sur les troubles du comportement alimentaires, un truc super carré et sérieux. Et bien, vous ne l'aurez pas, du moins pas ce soir, parce que si j'en ai écrit la trame, je n'en suis pas suffisamment satisfait pour le publier. Or vous savez que sur ce blog, seuls les meilleurs articles sont publiés. Chaque fois que vous vous dites : "mais quel joyau ce blog !", dites-vous bien que derrière, un service qualité draconien veille.

    Habituellement, mon jour de relâche est le vendredi mais cette semaine c'était aujourd'hui jeudi parce que je devais aller dans un endroit où il vaut mieux aller quand les mouflets sont à l'école.

    Tout a commencé par une idée étrange de mon cher père qui m'a dit un jour : " De même que tout parisien se doit d'avoir vu la Tour Eiffel, tout parisien se doit d'aller au moins une fois à Eurodysney. Je ne sais pas vraiment d'où lui est venue cette idée mais je ne me suis pas beaucoup inquiété. Chacun ses lubies, lui c'est Disney et moi les microvoitures.

    Peut-être que c'est du à l'âge, non que mon père soit sénile, mais simplement qu'il est né la même année que Mickey. Je suppose que cela lui faisait plaisir de revoir un vieux pote, même si ce pote est une souris. Ça non plus, cela ne m'inquiète pas trop. Mon père peut avoir un copain souris puisque je fréquente moi-même un type doté d'un physique de catcheur et d'une drôle de tête de tueur Ouzbek.

    A ce propos, il faudra que je demande à Laurence si son père à un copain souris. Je suppose que non parce que là-bas en Lorraine, ils ne doivent pas connaître Mickey. Ils ont peut-être des bandes dessinées locales du genre Flip le hérisson ou Hans le castor ? Et donc, peut-être qu'ils vont en famille à Flipland ou à Hansland discuter avec des gros hérissons et des castors géants ? Il faut toujours tenir compte des différences culturelles. D'ailleurs, je crois que Laurence m'avait dit qu'elle était allée chez Walibi, un genre de fête foraine permanente.

    Ah putain la loose de la mort, de toute manière ça vaudra jamais Mickey tous leurs animaux pourris ! Parce que Mickey il est américain et que les ricains, c'est les rois de l'entertainment, même qu'on peut pas vraiment traduire ce mot. C'est les rois de la fête et du divertissement quoi.

    Justement, une fois arrivés là-bas, chez Mickey, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est comme si vous étiez aux USA. C'est propre, les gens sont aimables et on sent que ce sont des bêtes de marketing. Je n'ai jamais foutu les pieds au Parc Astérix, mais je suppose que là-bas dans les boutiques de souvenir, ils vous vendent des sacs de châtaignes, du confit de sanglier, de l'hydromel et des porte-clés en plastique, tandis que chez Mickey, le pote souris de mon père, ils déclinent tout en mille petits trucs sympas dans de belles boutiques.

    C'est assez rigolo de se balader dans Main street, la rue principale parce qu'on se croirait aux USA. Il y a de toute manière, tellement de touristes qu'on ne se sent déjà plus en France. Aujourd'hui, c'était les espagnols qui étaient venus par wagons et cars entiers. Ça braillait partout.

    Un conseil si vous rêvez d'aller aux States mais que vous ayez peur de l'avion ou que vous soyez fauchés, allez chez Eurodisney, c'est pareil. Et en plus, il y a des souris qui parlent dans la rue. D'ailleurs mon père a un peu parlé avec son copain souris, c'était sympa. Sinon, il y en a d'autres mais on s'en foutait : nous on était venus pour voir Mickey, pas des seconds couteaux comme Pluto. Si Pluto ou un de ces ringards était venu m'emmerder, je lui aurais mis un atemi dans dans la gorge histoire de lui faire comprendre que je suis cool mais pas du genre à me laisser aborder par des seconds rôles.

    En arrivant, vu qu'il n'y avait personne ou presque, on a eu la bête idée de grimper dans Space Moutain 2. Le truc, c'est que vous vous asseyez dans une sorte de wagonnet, et que durant trois minutes, vous pleurez votre mère en priant pour que ça s'arrête. Moi qui ne suis pas couard, enfin juste un peu, j'ai fermé les yeux en attendant que ça se passe.

    Ceci dit, ça donne une bonne expérience si un jour vous êtes enlevé et balancé dans le coffre d'une bagnole puissante lancée à pleine vitesse sur l'autoroute, et conduite par un gros nerveux sous amphétamine. Ça cogne, ça change de trajectoire, ça monte et ça descend. Le jour où vous vous retrouvez dans le coffre de la bagnole et que votre ravisseur vous libère, vous pourrez lui dire "Même pas peur trou du cul, j'ai fait Space Mountain 2 moi !".

    Bon, comme nous étions échaudés par cette merde Space Mountain 2, ensuite on a fait des trucs plus cools. C'est ainsi - entre autres - que nous nous sommes retrouvés comme deux crétins au milieu d'enfants de deux ans sur des petits bateaux se baladant dans un hangar rempli de poupées. Mon père était ravi, sans doute aussi parce qu'il avait vu son copain souris qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Quant à moi, même si je ne savais pas vraiment ce que je fichais au milieu de poupées, je me suis dit que j'étais un vrai stoïque et que je pouvais résister à tout... même au ridicule. De toute manière, vous êtes comme aux States, alors a notion de ridicule est altérée. Là-bas, vous vous trimbalez avec vos oreilles de Mickey sur la tête sans que personne ne fasse gaffe à vous. C'est vraiment le seul endroit où GCM pourrait se balader avec son costume en velours sans que personne ne se foute de sa gueule. Faudra que je lui dise.

    Moi j'aime bien les poupées qui chantent et qui dansent !

    Bon ensuite, je vous passe les détails mais mais sachez que j'ai pu trouver la nourriture grasse molle et sucrée dont je raffole, vu qu'il y a des restaus partout où ils vendent des hamburgers, des frites et du coca. Par contre, il sont un peu rats sur le Coca. Aux USA, un grand Coca, c'est un litre et non cinquante centilitres ! Putain, c'est pas chez nous qu'on va devenir diabétiques !

    En rentrant chez moi ce soir, mon père m'a donné une information capitale puisqu'il m'a dit que nous étions jeudi 11 septembre. Je ne le savais même pas. J'avais oublié. Dès que je ne bosse pas, j'oublie les dates et encore plus quand je vais rendre visite à Mickey.

    Aujourd'hui, j'ai vécu à l'américaine ! Je me suis baladé dans Main Street, j'ai vu Mickey, j'ai souffert dans un manège à la con, j'ai mangé gras et sucré. J'ai vraiment commémoré le 11 septembre !

    United we stand !
    In Mickey we trust !