02 janvier, 2017

Opinions politiques et neurologie !

Une étude californienne récente sembler démontrer que lorsque ses opinions politiques sont remises en question, le cerveau déclenche une réaction de résistance,  vrai système de défense, comme s'il s'agissait d'une croyance religieuse.  C'est ce qui expliquerait la curieuse réaction de mon filleul Lapinou le socialiste la dernière fois que nous avons parlé de politique.

Les neurologues sont formels, le socialisme est une maladie !

 

Tranquillement installé chez moi en train de siffler une bouteille de Ruinart blanc de blanc, Lapinou devisait de politique en ma compagnie. Et voici qu'il m'explique qu'ayant lu le programme économique de François Fillon, il ne lui trouve que des points positifs. Qu'il s'agisse de la baisser des charges sociales, de l'abandon de l'ISF ou encore de la réduction du nombre de fonctionnaire, Lapinou acquiesce à tout. Voici mon filleul socialiste en train de faire l'apologie d'un programme plutôt libéral-conservateur, tel que ne l'aurait pas renié le RPR de ma jeunesse.

Et de m'expliquer qu'entre le fric qu'il gagne aujourd'hui et l'héritage conséquent qu'il recevra un jour, il serait bien bête d'aller contre ces idées. Le fait de s'être marié à l'église lui aurait il été bénéfique d'un point de vue politique ? A moins que ce ne soit le fait de gagner sa vie car il est bien connu qu'on est toujours plus prodigue de l'argent d'autrui que du sien. 

 Plein de candeur et ne demandant qu'à croire au changement de Lapinou, je lui demande alors bien naïvement s'il allait voter Fillon. Et ce jeune crétin me répond immédiatement que c'est impossible parce qu'il est de gauche. Immédiatement, je lui demande alors pour lequel des brillants candidats aux primaires du Ps il va voter. Et là, il éclate de rire en me disant que la gauche est irrémédiablement cramée et qu'il ne va pas s'embarquer dans ce rafiot qui prend l'eau. Il m'explique alors qu'il votera Macron. J'en déduis donc que Lapinou reste de gauche et que ce faisant, la défense du prolo le conduira forcément à voter pour un mec sorti de la banque Rothschild au cv plus que suspect. C'est à ne rien y comprendre. A moins que ...

A moins que bien que rien chez Macron ne le désigne comme homme de gauche, il suffit qu'il se déclare tel pour que Lapinou réussisse le tour de passe-passe consistant à unir les opposés : discours libéral mais étiquette de gauche. Finalement, on réussirait à faire voter Lapinou pour n'importe quel programme, fut-il le plus réactionnaire, pourvu qu'il y ait "gauche" marqué sur l'étiquette du candidat qui le présente. Ceci dit à la décharge de Lapinou, l'inverse est vrai aussi et je connais un tas de vieux "droitards" qui voteront toujours LR quelque soit le programme présenté. Ils se feront tondre comme des moutons mais peu importe si c'est un LR qui les tond.

Les gens sont essentiellement des buveurs d'étiquette comme le confirme la psychologie sociale lorsqu'elle étudie le conformisme social. Il s'agit plus d'un conformisme par désir de complaisance ou d'identification que d'un réel conformisme par intériorisation. Peu importe les idées réelles pourvu qu'on ait le sentiment de faire partie d'un groupe. Pensez donc si ces voyous 'élus s'en donnent à coeur joie ! Enfin un peu moins depuis qu'internet s'agite et bat les médias traditionnels, alliés naturels des partis, en brèche.

Finalement ce que montre cette étude californienne c'est que l'opinion politique est quelque chose d'aussi important pour un individu que ses croyances religieuses et qu'elles font partie intégrante de son identité. L'opinion politique n'est donc pas quelque chose en plus de son identité, de vagues idées que l'on aurait et dont on pourrait changer en cours de route mais bien une composante essentielle de ce que l'on est. Les opinions politiques sont donc un marqueur social important comme j'ai déjà pu le remarquer chez ma clientèle. Changer d'idées politiques, c'est réellement faire son chemin de Damas, c'est un processus lent qui nécessite une totale remise en cause de son identité sociale. C'est pour cela, comme l'avait si bien imaginé Sefton Delmer, que la propagande noire ou grise marche bien mieux que la propagande blanche. On est plus réceptif aux arguments de quelqu'un qui se dit de notre camp, alors même que ses arguments appartiennent au registre du camp opposé.

Ainsi, il arrive souvent que certains de mes patients se disant de gauche me sortent des énormités qui feraient passer Jean-Marie Le Pen pour un gauchiste. Mais peu importe, à peine leur ai-je fait remarquer que leur réflexion n'est pas réellement de gauche, qu'ils se récusent la main sur le cœur en se disant vraiment de gauche. Lapinou est pareil finalement. Il se dit de gauche tout en pratiquant un humour de droite, en vivant comme un bourgeois de droite. Sous la commune, sans nul doute que Lapinou se serait tenu aux côtés de Thiers.

Lapinouest un socialiste à la mode versaillaise. Tant qu'il ne me fait pas le panégyrique de François Hollande, ça me convient. Bien sur il n'aura jamais 150 au WAIS IV, c'est une certitude :)

4 Comments:

Blogger KevinM said...

Pourquoi tout votre text est dans une balise de titre h2 ?

c'est un peu spécial à lire

3/1/17 4:19 AM  
Blogger Maxime said...

Allons, tu devrais plutôt te réjouir de voir le PS en pleine déconfiture à quelques mois des élections, et surtout que cela profite à un libéral se réclamant de gauche par carrierisme (j'espère qu'il n'a pas trop rayé le parquet de Bercy). Des gens pensant comme lapinous, il y en a selon les derniers sondages, autant que de gens restant fidèles au PS. N'est-ce pas réjouissant ?

Et puis, historiquement, au 19ième siècle, les libéraux siégeaient à gauche.

En fait, il y a un peu le même phénomène chez les libéraux : Macron étant un ex-ministre de gauche, hors de question d'admettre qu'il est des notres. Pourtant, ses actes le classent en tant que plus libéral des candidats aux présidentielles. Il n'a pas été premier sinistre du plus totalitaire des présidents de la Vième, lui...

3/1/17 5:03 AM  
Blogger Unknown said...

Pierre Dac avait une explication implacable:

"Quand on voit ce qu'on voit, que l'on entend ce qu'on entend et que l'on sait ce que qu'on sait, on a raison de penser ce qu'on pense."

Mais... tout de même, le plaisir jouissif de faire parler une BoBo Hollandiste en retour d'âge sur le PS, la gauche et le quinquennat... voir couiner ses petits rouages poussifs malmenés par une dissonance cognitive intense...

Volupté de fin gourmet!

On est d'accord, c'est pas charitable, mais c'est trop bon!

4/1/17 9:57 AM  
Blogger chaton said...

Putain, ça doit être tellement reposant moralement d'être de gauche. Pas besoin de réfléchir, tu lis juste les étiquettes, et après tu fais ce que tu veux. Le rêve.

4/1/17 5:48 PM  

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